mercredi 27 octobre 2010

Les manifs vues d'Allemagne

Nous sommes certainement une nation particulière, et nous autres Français, nous ne sommes probablement pas faciles à comprendre. Mais nos voisins allemands ne sont pas forcément condescendants ou méprisants avec nous, notamment ces derniers temps, comme on le laisse parfois entendre. Pour preuve cet article de Rudolf Barmer, dans le quotidien Die Tageszeitung du 26 octobre (cité par Courrier international)



FRANCE • Les manifs, ce n'est pas du folklore

Même s’ils doivent être défaits, les Français ont raison de se battre pour leur retraite. Au nom du bon fonctionnement de la démocratie.

La grève des éboueurs pose des questions sanitaires et de sécurité à Marseille. Pour ces raisons, ils ont décidé d'arrêter leur mouvement le 26 octobre.

Ça y est, c’est reparti en beauté, pestait [le 21 octobre] un touriste à Marseille, retenant sa colère. Parce que les manifestants bloquaient les accès à l’aéroport régional, il a dû parcourir à pied plusieurs centaines de mètres. Un pays dans lequel les grèves paralysent tous les rouages, dans lequel les gens manifestent pour leurs acquis et affrontent les policiers, voilà qui correspond bien à un cliché répandu en Europe et hérité de la période gauloise : celui du Français querelleur.
Ce qui se passe ici n’a pourtant pas grand-chose à voir avec le folklore, et invite plus à la réflexion qu’au sourire amusé. Les jugements hâtifs du genre "Quoi, nous, on n’est en retraite qu’à 67 ans et les Français voudraient partir à 60 ans ?" sont un peu courts. Pourquoi les Français devraient-ils accepter sans négociation préalable une “réforme” qui non seulement ne figurait pas au programme de leur président, mais qui a été bricolée dans la précipitation, par crainte pour la crédibilité financière de l’Etat français ?
Dans ce conflit, les Français prouvent qu’il est possible de prendre son destin en main quand un gouvernement arrogant impose sans consulter quiconque une décision considérée comme profondément injuste. Rares sont les pays dont les habitants ont, autant que les Français, le sentiment que la démocratie est devenue une machine ronronnante qui se moque éperdument de la participation des citoyens, tant que cela ne provoque pas de grosse panne comme aujourd’hui.
En s’opposant à une politique d’injustice sociale qu’ils considèrent majoritairement comme arbitraire, les Français donnent un exemple à leurs voisins – même s’ils devraient en fin de compte connaître une défaite.

mardi 26 octobre 2010

La belle colère de Robert Badinter

Robert Badinter est un vrai et un vieux sage. Ses combats, ses certitudes, ses compétences sont largement partagés et reconnus. Et lorsqu'il parle fort, on l'écoute. Le gouvernement serait inspiré de prendre en compte ses recommandations pour que notre vie politique retrouve un peu de sérénité...



Retraites : "une bataille juridique"
envoyé par Europe1fr. - L'actualité du moment en vidéo.

samedi 23 octobre 2010

" La démocratie, ce n'est pas la réciprocité des mépris "

Philosophe, professeur à l'Université américaine de Paris, à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'Ecole Polytechnique, Cynthia Fleury travaille sur les outils de régulation de la démocratie.

Le conflit autour de la réforme des retraites paraît dans l'impasse. Le gouvernement ne veut plus rien céder, arguant de sa légitimité, sortie des urnes. Le mouvement social est-il moins légitime qu'un pouvoir élu ?

Cynthia Fleury : On est dans l'erreur si l'on pense que la démocratie, c'est d'un côté un pouvoir représentatif, seul légitime, et de l'autre côté une foule. Même si le gouvernement affirme qu'il a orchestré la négociation, il ne l'a pas orchestrée jusqu'au bout, c'est-à-dire qu'il a refusé de reconnaître la valeur, la nécessité, la légitimité des acteurs publics que sont les syndicats, les partis politiques, les associations.
Dans les démocraties modernes, il y a d'un côté des citoyens éclairés, des citoyens responsables, et de l'autre des élites éclairées, des élites responsables. On peut estimer que les citoyens ou que les élites ne sont pas assez éclairés et jouer à se dénigrer perpétuellement mais cette attitude ne conduit nulle part. La démocratie, ce n'est pas la réciprocité des mépris.

La rue a-t-elle un rôle dans un processus de négociation ?
Qui est dans la rue ? Les syndicats, les partis de l'opposition, les étudiants, les grands corps, les services publics, ce n'est pas une " plèbe ", c'est fini ça, ce n'est pas une "foule", ce n'est pas une "masse", ce sont des individus éduqués, organisés, une force de proposition. Comme l'explique très bien Pierre Rosanvallon, à la suite de Montesquieu, il y a une asymétrie de la souveraineté : une souveraineté positive, qui renvoie au Parlement et au gouvernement, et une souveraineté que certains disent négative, c'est-à-dire la rue, qui gouverne par son pouvoir de veto, son pouvoir de sanction.
Les démocraties adultes s'organisent différemment, surtout avec l'irruption des nouvelles technologies et la part croissante de la démocratie participative. On essaie aujourd'hui de positiver cette souveraineté dite négative, c'est le grand challenge des démocraties modernes. Elles doivent structurer, organiser, ossifier la démocratie participative, travail qui a déjà commencé. Un nouvel acte s'est ouvert dans l'histoire de la démocratie.

La jeunesse, entrée dans la protestation plus récemment, a-t-elle sa part dans ce nouvel acte ?
L'intervention de la jeunesse dans le débat public signe toujours un nouvel acte. Elle bénéficié d'emblée d'une prime dans l'opinion par son charisme, d'un surcroît de représentativité et même d'un surcroît de légitimité parce qu'elle incarne l'avenir autant que notre questionnement sur la pérennité de notre modèle. Il faut se souvenir du discours prononcé par Jean Jaurès à Albi qui s'est adressé à la jeunesse en ces termes : "La vie a extrêmement resserré l'espace du rêve devant vous". Partant de cette constatation, il lui rappelle que le grand défi est de "défendre la puissance de l'âme", c'est-à-dire l'impératif d'inventer en refusant tout mimétisme avec les générations précédentes ou de s'engouffrer dans ce qui a été.

Comment surmonter l'absence de dialogue entre le pouvoir et le mouvement social ?

Si l'on veut en sortir, il faut admettre cette exigence de pluralité et de complémentarité des légitimités. Non seulement on discute mais on négocie, on recherche ce qu'on appelle le "compromis démocratique". Il ne s'agit pas d'une décision "amoindrie" par tous, ni du plus petit dénominateur commun. C'est une décision co-construite qui assume l'impératif d'invention démocratique. Le gouvernement actuel méconnaît ce temps de la souveraineté partagée, une valeur pourtant devenue importante. Il fait exactement l'inverse de la tâche d'un gouvernement : nous diriger, c'est-à-dire nous emmener vers un endroit.

L'intégralité de l'entretien avec la philosophe Cynthia Fleury  dans Le Monde daté du dimanche 24 - lundi 25 octobre.
 
Propos recueillis par Olivier Schmitt (Le Monde)

Patrick Kanner à Wattignies le 2 novembre

Première date pour nous retrouver à l'aube de cette campagne : Patrick Kanner, 1er vice-président du Conseil général du Nord, vient le 2 novembre à 18 h30 salle Marcel Hugot à Wattignies. Au programme, la réforme des collectivités territoriales, l'actualité locale et nationale, et bien sûr les élections cantonales !

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