FRANCE • Les manifs, ce n'est pas du folklore
Même s’ils doivent être défaits, les Français ont raison de se battre pour leur retraite. Au nom du bon fonctionnement de la démocratie.
La grève des éboueurs pose des questions sanitaires et de sécurité à Marseille. Pour ces raisons, ils ont décidé d'arrêter leur mouvement le 26 octobre.
Ça y est, c’est reparti en beauté, pestait [le 21 octobre] un touriste à Marseille, retenant sa colère. Parce que les manifestants bloquaient les accès à l’aéroport régional, il a dû parcourir à pied plusieurs centaines de mètres. Un pays dans lequel les grèves paralysent tous les rouages, dans lequel les gens manifestent pour leurs acquis et affrontent les policiers, voilà qui correspond bien à un cliché répandu en Europe et hérité de la période gauloise : celui du Français querelleur.
Ce qui se passe ici n’a pourtant pas grand-chose à voir avec le folklore, et invite plus à la réflexion qu’au sourire amusé. Les jugements hâtifs du genre "Quoi, nous, on n’est en retraite qu’à 67 ans et les Français voudraient partir à 60 ans ?" sont un peu courts. Pourquoi les Français devraient-ils accepter sans négociation préalable une “réforme” qui non seulement ne figurait pas au programme de leur président, mais qui a été bricolée dans la précipitation, par crainte pour la crédibilité financière de l’Etat français ?
Dans ce conflit, les Français prouvent qu’il est possible de prendre son destin en main quand un gouvernement arrogant impose sans consulter quiconque une décision considérée comme profondément injuste. Rares sont les pays dont les habitants ont, autant que les Français, le sentiment que la démocratie est devenue une machine ronronnante qui se moque éperdument de la participation des citoyens, tant que cela ne provoque pas de grosse panne comme aujourd’hui.
En s’opposant à une politique d’injustice sociale qu’ils considèrent majoritairement comme arbitraire, les Français donnent un exemple à leurs voisins – même s’ils devraient en fin de compte connaître une défaite.
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